Enfin sa 4 éme fille Clotilde-Gustine (1791-1857) épousa le 17/07/1816 Jean-Baptiste BERNARD (1778-1857) né à Orchies de parents Brasseurs. Ainsi ils héritent de la ferme-brasserie de Roost-Warendin. Leur fils Edouard BERNARD (1809-1894) leur succédera.

Voici quelques passage du livre d'Adrien DEMONT - Souvenances à travers ma vie - 1924

"Papa passa son enfance à Douai, mais aussi beaucoup à la campagne où habitaient ses oncles et tantes à Roost-Warendin, à la ferme de M. Bernard et à Masny à celle de M. Fiévet. Tous deux, gros agriculteurs, avaient épousé des demoiselles Butruille, les soeurs de la mère de mon père...

Tout jeune, mon père, était très espiègle et comme je l'ai dit plus haut, très aimé de son oncle Fiévet, aussi passa t-il son enfance entre Douai et Masny et Roost-Warendin, où son oncle Bernard avait brasserie et culture. Là se réunissaient tous les jeunes cousins et vous pensez bien si on s'amusait ainsi en pleine liberté. 

La ferme de Roost-Warendin était, comme celle de Masny, le lieu de rendez-vous des cousins et les ducasses y étaient fêtées. Ces jeunes gens, montés sur un chariot orné de drapeaux, avec tambour, grosse caisse, avaient fait ll!"tournée des villages voisins, annonçant pour le jour de laducasse de Roost, une fête aérostatique dans les pâtures de M. Bernard-Butruille.Le ballon avait été confectionné par mon père, les fuseaux avaient été coupés d'après un bon patron et bien collés. On avait fait une répétition, un commencement de gonflement, tout promettait de marcher très bien. Le ballon devait être suspendu à une longue perche qui reposait sur les derniers échelons de deux échelles doubles. Il se gonflait avec de l'air chaud et on avait soin de mettre dans ce qu'on pourrait appeler la nacelle, du papier huilé qu'on allumait au moment du départ, afin d'entretenir, dans le ballon la chaleur de l'air, puis, on retirait la perche ce qui lui laissait le libre essor. Le jour de la ducasse à l'heure annoncée, la prairie Bernard était pleine de monde et, comme dans tout départ de ballon, les préparatifs sont longs, la foule témoignait déjà son impatience, quand, juste au moment du départ, le jeune cousin Auguste Butruille,.chargé du soin de retirer la perche, par une maladresse inexplicable, la laissa retomber sur le ballon gonflé le coupant en deux dans toute sa hauteur.Alors,cris,insultes, pierres lancées. Les jeunes cousins arrivèrent à faire comprendre à la foule hurlante qu'on allait remettre en état l'aérostat, et qu'il partirait le soir. On se mit à la besogne et l'on procéda au papinage devant le feu de la grande cheminée du fournil. Tout fut réparé, séché en temps, et, aux acclamations des ducassiers, le ballon s'envola superbe. On put le suivre longtemps des yeux, quand tout-à coup une lumière plus intense puis plus rien, il avait pris feu dans les airs.

Le cousin Auguste Butruille,charmant garçon, plein d'entrain, mourût à 20 ans." Il suivait il cheval un terrain défoncé par la pluie, la bête glissa, et le cavalier fut pris sous sa monture qui, étant tombée sur le dos dans un fossé, ne put se relever. Le jeune homme mourut, il n'avait rien de cassé quand on le retrouva. Il avait été noyé dans une flaque d'eau! Une chapelle fut construite à cet endroit par sa famille.

C'est sur le territoire de Roost que mon père ainsi que mes cousins, firent leur première ouverture de chasse. Ils s'étaient exercés au tir sur les moineaux et papa avait montré beaucoup d'adresse, aussi comptait-il sur une carnassière bien remplie. Tous ces jeunes gens étaient arrivés la veille ardents et heureux. Ils avaient décompté les semaines, les jours, ils décomptaient maintenant les heures. Sitôt qu'ils eurent soupé et pour faire parattre le temps moins long, ils eurent l'idée de se coucher, il faisait encore jour. La nuit arriva, mais ils ne pouvaient pas dormir et comme il n'y avait pas d'horloge dans la chambre; de temps en temps, l'un d'entr'eux disait:

  • « Auguste! quelle heure est-il? » ; deux minutes après:
  • « Louis! quelle heure est-il ? et alors Auguste ou Louis ouvrait le cadran de la montre et tâtant avec le doigt, disait
  • « Il est à peu près onze heures et demie J) puis (1 Minuit moins cinq J) et chaque fois ils s'étonnaient:
  • « Quoi! il n'est encore que cela! » ,

Enfin, le jour arriva et le soleil n'était pas encore à l'horizon que ces débutants chasseurs étaient dans la plaine. Ils marchèrent toute la journée. Le soleil était déjà couché depuis longtemps quand ils rentrèrent à la ferme. Mon père avait tué un perdreau qu'il avait attrapé à la course. Pourtant il avait tiré plus de cent coups de fusils, et comme le gibier ne tombait pas, il se figurait qu'il ne mettait pas assez de poudre, il doublait la charge, ce qui lui valut une épaule toute bleue et une joue toute enflée, à cause du recul de l'arme surchargée. Il ne fut pas long à faire des progrès comme tireur, quand Edmond Demont, son cousin germain, lui eut dit: « -Louis tu as le défaut de donner le coup de doigt, pour le bien, le coup doit te surprendre sinon l'effort du doigt fait baisser le canon et tu rates la pièce visée. » A cette époque il n'y avait pas de Tennis. On jouait à la balle au tamis et, comme pour le tennis, il y avait des concours. Généralement ces concours se faisaient sur l'esplanade, mais, entre eux, les jeunes gens s'exerçaient et quand il pleuvait, imaginez-vous où ils pratiquaient ce sport? Tout simplement sous le grand hall de la gare du chemin de fer, entre les passagel\ des trains, c'est vous dire combien ces trains étaient peu nombreux alors! Le chef de gare Scherzer était un des fervents du jeu de balle. La balle était très petite, c'était du sable renfermé dans de la peau blanche. Pour livrer, on la faisait rebondir sur le tamil\ et la main droite était recouverte par un très gros gant ayant, pour en garantir la paume, comme une semelle de cuir très dur. Un bon livreur envoyait une balle à une très longue distance" p135 à 137

<RETOUR>